INFO PROGRAMME ARTE NOVEMBRE 2006

 
lundi, 13 novembre 2006 à 22:15
Rediffusions :
pas de rediffusions *** COPIES A ACHETER
 
 

Kigali, des images contre un massacre
(France, 2005, 94mn)
ARTE F
Réalisateur: Jean-Christophe Klotz

 
Pourquoi le monde a-t-il sciemment abandonné quelque 800 000 Rwandais au génocide ? Jean-Christophe Klotz, l'un des rares reporters présents sur place au plus fort des tueries, confronte les images d'hier aux témoignages d'aujourd'hui. Un récit intime et universel, hanté par cette question sans réponse.

ARTE F © Jean-Christophe Klotz
 

Juin 1994. Le génocide des Tutsis du Rwanda dure depuis deux mois déjà. Le reporter Jean-Christophe Klotz, qui effectue son deuxième voyage dans ce pays livré à l'horreur, se rend à Kigali, la capitale, régentée par les extrémistes hutus. Lors de l'attaque d'une mission chrétienne où se sont réfugiées une centaine de personnes, il est atteint d'une balle à la hanche. Il est évacué et rapatrié le jour même ; moins de 48 heures après, la plupart des protégés de la mission seront massacrés. Sur son lit d'hôpital, à Paris, le journaliste va voir passer en boucle à la télévision les visages qu'il a filmés au Rwanda, matière première d'un battage médiatique destiné à "lancer" l'opération Turquoise, la tardive intervention menée par l'armée française. Obsédé par la tragique absurdité de ces morts instrumentalisées, symboles d'un massacre que le monde a laissé perpétrer sciemment, il repart au Rwanda dix ans après. Il veut revoir ceux qu'il avait croisés lors de ses deux voyages, et leur montrer ses images - parmi les seules tournées durant le génocide. Il retrouve aussi Bernard Kouchner, ainsi que les très rares Occidentaux restés alors sur place, tous hantés par leur impuissance face aux bourreaux : le chef français de la mission, le père Blanchard, le Canadien Roméo Dallaire, représentant de l'ONU privé de tout moyen militaire, et le responsable suisse de la Croix-Rouge Philippe Gaillard.
 

LES PETITS PLUS d'ARTE
L'aveuglement
Le génocide rwandais est désormais entré dans les consciences comme l'un des plus monstrueux événements de notre histoire récente. Mais on a oublié l'indifférence qui entoura, deux mois durant - ces huit semaines cruciales où des centaines de milliers de personnes furent exterminées avec des armes rudimentaires -, ce que l'Occident voulut d'abord considérer comme une "guerre ethnique" de plus. Le premier choc, vertigineux, suscité par le documentaire, c'est de remettre très concrètement le spectateur face à cet aveuglement bercé par le ronron absurde de l'"info" - essence, nous suggère Jean-Christophe Klotz, de notre rapport collectif au monde. Mais si la portée en est universelle, ce récit à la première personne ne lâche jamais le fil du singulier. Entre les images de 1994, sobrement commentées par leur auteur - notamment les séquences filmées dans le sillage d'un Bernard Kouchner en mission, d'autant plus glaçantes que tout autour, on sait que les massacres se poursuivent à grande échelle -, et les témoignages recueillis dix ans plus tard auprès des rares survivants et témoins, il émeut constamment, pour mieux interroger l'usage de l'émotion.